J’ai l’impression qu’hier à peine j’écrivais mon bilan du 6ème mois, posé à Shinjuku. C’était en réalité il y a plus d’un mois. Donc oui j’ai du retard. Mais il convient de dire que je suis véritablement parti à l’aventure pour ce 7ème mois sans PC pour vous écrire, et parfois même sans eau chaude.
Sommaire
Un mois sur la route
Je vous avais annoncé le mois dernier ma grande envie de repartir sur les routes du Japon après mon séjour trop court à Okinawa. C’est exactement ce que j’ai fait! Je suis parti ce mois-ci à l’assaut des Alpes japonaises pour un périple d’environ 3 semaines avec comme seul compagnon mon fidèle sac-à-dos. Mais rassurez-vous, je ne suis pas resté seul bien longtemps! Le backpacking en solo a un grand avantage: cela intrigue et intéresse les gens, ce qui rend les rencontres beaucoup plus fréquentes que lorsqu’on voyage à plusieurs. J’ai donc rencontré une panoplie de gens tous plus intéressants les uns que les autres et cela m’a offert de très bons moments et de bonnes parties de rire. Je me demande même si je n’ai pas rencontré plus de monde en 3 semaines sur la route que pendant l’intégralité de mon PVT à Tokyo.
Où vais-je dormir ce soir?
L’un des objectifs que je m’étais fixé pour ce road trip en solo, en dehors de kiffer la vibe, était de dépenser le moins d’argent possible. Car oui comme vous le savez j’ai quitté mon baito le mois dernier et mon budget PVT en a pris un sacré coup. Je suis donc parti vers Nagano sans rien avoir réservé pour les nuits suivantes et avec un plan de route un peu brouillon: temples, sanctuaires dans la montagne, singes sauvages, villes-onsen, château, villes traditionelles… C’est donc dans le flou le plus total que j’ai commencé mon aventure sous un temps magnifique! Ce fut le cas du moins au début, car ensuite a débuté l’inévitale saison des pluies japonaise, qui s’éternise généralement jusqu’à début juillet. Au cours de mes trajets et de mes visites, j’ai donc tenté de privilégier le moindre coût et la rencontre avec les japonais comme je l’explique dans cet article. Au programme donc: demandes d’hébergement au sein de familles japonaises et tentatives de déplacement en Stop. Cela a fonctionné plusieurs fois et m’a permis de très belles rencontres. Lorsque cela ne fonctionnait pas, je me repliais sur les solutions les plus économiques de manière croissante. Au niveau du logement, cela allait donc du Manga Kissa au Ryokan en passant par l’auberge de jeunesse et l’AirBnB. Niveau transport, les bus m’ont plusieurs fois été d’une grande aide lorsque le Stop était impossible.
Un circuit tracé
Parler de tout ce que le voyage m’a apporté c’est bien sympa, mais en tant que fans du Japon, vous voulez certainement en savoir davantage sur les points d’intérêts que j’ai visité, et vous avez raison. J’ai commencé par visiter la sympathique ville de Nagano, son temple Zenko-ji très connu au Japon, ses sanctuaires dans la montagne de Togakushi ainsi qu’un amusement park sur le thème des ninja. J’ai ensuite passé quelques jours à Shibu Onsen, station thermale de Onsen très belle et tranquille (j’ai galéré ne serait-ce que pour trouver un restaurant). Cette ville a un accès direct sur le fameux parc de Jigokudani, connu pour abriter des singes sauvages qui viennent se réchauffer de la neige d’hiver dans un Onsen bouillant. Même si la neige avait disparue lors de ma venue, les singes et les photographes étaiet bien présents et l’endroit présentait un certain charme. Après quelques escapades aux sommets de la région de Shiga Kogen, je suis descendu en direction de Matsumoto où j’ai visité le fameux château de la ville très bien conservé ainsi que le musée Yayoi Kusuma.
Petite pause ensuite (si l’on peut appeler ça une pause) puisque j’ai passé 10 jours dans une ferme à Azumino à travailler dans les champs de pommiers et les rizières dès 5h du matin. Rythme difficile, cela m’a cependant insufflé un nouvel élan dans mon séjour. J’ai cotôyé d’autres wwoofers venus de Malaisie et j’ai partagé le quotidien de toute une famille japonaise adorable. Après de grands aurevoirs, j’ai continué ma route vers Kamikochi, très beau parc national perdu dans les montagnes, puis Takayama. J’ai adoré la petite ville de Takayama qui possède de vieilles rues typiques de l’ère Edo, des confiseries japonaises délicieuses, et quelques bizarreries comme le « grand temple mondial ». Arrive enfin la fin de mon périple avec la visite du site classé patrimoine mondial de l’UNESCO: le village de Shirakawa-go, et la ville de Kanazawa célèbre pour son très beau jardin et ses geisha.
Je sais ce que vous pensez, ça fait beaucoup de lieux visités et une présentation plutôt brève de ceux-ci. Ne vous en faîtes pas, j’ai prévu de nombreux albums photo de chaque endroit, ainsi qu’une vidéo retraçant mon parcours et les beautés qu’offrent les Alpes japonaises. Un peu de patience donc! Je réfléchis également à présenter différents lieux intéressants du Japon au travers d’articles dédiés. Mais cela ne sera en revanche pas pour tout de suite. Laissez-moi d’abord finir mon PVT et découvrir encore pleins de belles choses à vous raconter, OK?
Réflexion sur l’avenir
Comme je vous le dis à chaque bilan depuis maintenant quelques mois, je réfléchis beaucoup (enfin, un peu plus qu’ordinairement). La fin du PVT Japon approche à grand pas et avec cela tout un tas de questions auxquelles il s’agit de répondre: Que faire à la rentrée prochaine? Où s’installer? Abandonner totalement le Japon? Je vous avoue qu’au jour d’aujourd’hui, l’idée de ne jamais y revenir m’est assez difficile à envisager. Si l’on exclue certains points évidemment (comme dans tout pays), vivre au Japon est très agréable et offre une grande panoplie d’avantages. De plus je me suis fait de très bons amis ici, dont certains qui vont rester vivre un bon moment au pays du soleil levant. Si j’ai des des diplômes et de l’expérience qui peuvent me permettre de prétendre à un bon travail, il y a une chose que je n’ai pas: la maîtrise du japonais. Ce point-là est véritablement essentiel si l’on souhaite s’établir au Japon en exerçant un autre boulot que serveur dans la restauration ou professeur particulier. La langue japonaises me parait cependant de plus en plus accessible et surtout intéressante à approfondir. De plus, je pense qu’avec mes diplômes, la maîtrise d’une langue comme le japonais peut véritablement faire la différence sur un CV et permettre une véritable accélération de carrière. Je réfléchis à me mettre donc sérieusement à l’apprentissage du japonais. J’ai bien conscience que cela demandera beaucoup de temps et d’investissement. Je ne me prononce donc pas entièrement pour le moment, je réfléchis. Si l’envie vous en prend, je vous invite à réfléchir avec moi! Nous cumulerons ainsi les réflexions et réfléchirons plus pour gagner plus.
Je vous quitte donc sur sur bilan plein de belles histoires (et d’anecdotes croustillantes à venir!) et vous dit à dans un mois! Je prévois pour la suite un séjour en Corée et un road-trip dans le Kansai si mes économies me le permettent. Bonne saison des pluies et bon courage à ceux qui passent le Bac! (Muhaha)
Anecdotes du mois:
- Lors d’une journée brumeuse de mon périple, j’ai du faire du stop de la ville de Matsumoto à la ville de Takayama. Je me doutais que cela serait plutôt difficile vu que Takayama se trouve à presque 2 heures de là, et dans les montagnes les plus reculées du Japon. Qui plus est, je ne parvenais pas à trouver de bon emplacement pour faire du stop ce jour-là, après avoir longé le début de l’autoroute sur plusieurs kilomètres. Je finis par m’installer sur un bord de route près d’un conbini et je sors ma pancarte, mon pouce et mon plus beau sourire. Après avoir attendu 2 heures, j’ai fini par renoncer et chercher un bus. Pourtant, quelques voitures s’étaient arrêtées, mais pour s’excuser! 3 voyageurs se sont arrêtés près de moi et ont pris quelques minutes pour discuter tout en s’excusant très fortement de ne pas pouvoir m’emmener à destination puisqu’ils n’allaient pas dans le même coin. 2 d’entre eux ont même insistés pour m’offrir un café et une bouteille d’eau! Ah les japonais! Je n’ai pas trouvé de chauffeur, mais j’étais ravitaillé pour l’après-midi!
- A Matsumoto, j’ai été accueilli pour une nuit par un couple japonais très sympathique et ses 3 enfants très dynamiques ! La journée suivante, après avoir déjà passé de très bons moments ensemble, ceux-ci ont voulu m’emmener au Sento de leur quartier, sorte de bain public japonais. Seulement si certains gaijin fréquentent de temps en temps certains sento près de Tokyo, cela reste beaucoup plus rare dans des coins paumés aux alentours de Matsumoto. Je vous laisse donc imaginer tout d’abord les regards interrogateurs et amusés de tous les papis présents au sento ce jour-là et qui ont vu arriver un petit blanbec tout nu… accompagné de toute une famille japonaise. Le plus drôle dans l’histoire est que j’avais bien sympathisé avec les enfants et qu’ils aimaient donc bien chahuter à mes côtés. Je peux vous dire qu’un étranger dans un sento entouré de 3 gamins à poils qui lui sautent dessus, ça dénote et que beaucoup d’Ojisan japonais vous regardent d’un air étrange !
- Lorsqu’on pense au Japon des campagnes, on ne pense pas toujours aux grosses bestioles qui y prolifèrent. Et pourtant ! En 3 semaines dans les Alpes japonaises, j’ai vu de sacrés insectes, tous les plus repoussants ou effrayants les uns que les autres. Ne parlons même pas des cafards, ces gros insectes rampants qui sont présents un peu partout au Japon. Car oui, il y a bien pire ! Durant ma période de Wwoofing à Azumino, j’ai vu quantité incroyables d’énormes frelons japonais, ici appelés littéralement « Suzumebachi ». De nombreux panneaux étaient d’ailleurs plantés un peu partout dans la région pour prévenir les riverains du danger de ces bestioles de la taille de mon pouce et au bruit de cyclomoteur. Certains japonais m’ont racontés de sales histoires à ce sujet. Si une piqure peut apparemment vous emmener à l’hôpital, la seconde piqure serait dans beaucoup de cas mortelle. De quoi donner envie de faire du camping ! Ah, il y a aussi cette énorme araignée sauteuse que j’ai trouvée dans ma chambre une nuit. Impossible à attraper donc impossible de dormir étant donné que celle-ci faisait les ¾ de ma main.
- Les étudiants de Matsumoto s’ennuient beaucoup. C’est en tout cas ce que m’a affirmé Riku, un de mes hôtes pour un soir âgé d’à peine 19 ans. Du coup lui et ses copains ont trouvés une solution plutôt détonante pour combler cet ennui. Ils se sont tous inscrits sur Couchsurfing et ont décidé de recevoir gratuitement chaque soir des étrangers chez eux pour partager de bons moments. Cela m’a bien fait rire, notamment lorsque Riku m’a avoué que certains de ses amis pensaient qu’il était totalement fou de faire ça, avis que j’avais tendance à partager. Là où cela devient vraiment amusant, c’est lorsque Riku et ses amis se mettent au défi les uns les autres. Ainsi, lors de mon passage à Matsumoto, un des amis de Riku accueillait un groupe de 8 polonais pendant 10 jours dans son 25m2 ! Je pense que l’ennui ne sera plus un problème dorénavant !
- Connaissez-vous le « grand temple mondial » ? Non ? Et bien moi non plus jusqu’à ma découverte de celui-ci dans la petite ville de Takayama. Indiqué dans très peu de livres de voyage, un temple immense aux couleurs dorées surplombe cependant la ville de Takayama à tel point que vous ne pouvez pas le loupez sauf si vous regardez vos chaussettes. Intrigué donc, je me suis déplacé à pied vers ce temple que je pensais de prime abord être lié à la religion juive. « Pas du tout, toutes les religions sont les bienvenues ici » m’a précisé un japonais à l’accueil de cet immense bâtiment pourtant désespérément vide. Après m’avoir expliqué ce à quoi était dédié ce bâtiment (à savoir la « religion » Mahikari fondée dans les années 60 par un japonais ayant aperçu Dieu suite à une violente poussée de fièvre). J’ai ainsi pu visiter le grand hall qui m’a rappelé ces salles immenses des églises mormones américaines. J’ai enfin été cordialement invité par mon hôte à me rendre au centre de Tokyo pour en apprendre plus sur cette croyance et sur les questions que je peux me poser. Comme une impression de 4ème galaxie dans la petite ville de Takayama !
- Ce mois-ci, j’ai encore été interviewé par la télévision japonaise, et pour une grande émission apparemment. Cela s’est passé à Shirakawa-go, mon sac sur le dos, en short, mal rasé, et avec un anglais et un japonais très balbutiant de par la situation. J’appréhende de devenir la risée d’internet. Affaire à suivre.
- Encore lors de mon séjour chez Riku, sacré Riku, celui-ci a tenu à m’emmener participer à son cours de français à la fac. Quels ne furent pas les regards étonnés des autres élèves tout d’abord puis du professeur ensuite lorsqu’il me vit assis au dernier rang de sa classe, sac de randonnée à mes pieds. Après une brève explication, celui-ci fut néanmoins ravi d’avoir un bel exemple de français à montrer à ses élèves et m’a demandé de me présenter brièvement à la classe avant de me faire participer au cours. Je peux vous dire une chose: le français est une langue terriblement difficile à apprendre, notamment pour les japonais.
- Lors de mon premier séjour en auberge de jeunesse à Nagano, j’ai rencontré beaucoup d’autres voyageurs solo. Parmi eux un couple franco-argentin très sympathique qui parcourait le Japon à vélo. Après quelques discussions à propos du saké, la française m’a raconté une anecdote qui leur était arrivée dans la campagne japonaise 2 jours plus tôt. Au cours de leur route, ils avaient atteri dans la fête privée du lancement d’un nouveau vin japonais, produit dans la région. Tout fiers de croiser des français, les producteurs japonais leur ont alors fait gouter leur vin. Bilan? mmmh… Vous connaissez le Fanta raisin? Apparemment vous êtes tout prês!