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Ma première soirée au Japon

Bonjour je suis un Alien

5 novembre. Ça y est, après plus de 15 heures de vol éreintantes, l’avion arrive enfin à Tokyo. Je me frotte les yeux et profite de l’atterrissage pour observer les alentours à travers le hublot. Les nombreux nuages rendent toute distinction difficile, mais mon coeur s’emballe pourtant dès que j’aperçoit un bout de terre. Ça y est, je suis au Japon. Après en avoir tant rêvé, dans quelques minutes je foulerai le sol japonais pour le début d’une nouvelle aventure.

De la descente de l’avion à la remise de mon Visa, tout se fait en rang, en ordre, rien ne dépasse. Je m’amuse à regarder autour de moi et l’idée de ne voir que des visages asiatiques me plait. Je suis seul, perdu au milieu d’un pays dont je ne connais presque rien et j’adore ça. Mon premier contact avec les agents d’immigration sont hésitants. Leur anglais est très maladroit, et les bases de japonais que j’ai appris 2 mois plus tôt me paraissent alors bien ridicules. J’enchaîne déjà les « Sumimasen » sans me douter que ce n’est que le début et que ce mot allait bien me servir. Après quelques minutes de paperasse, on me remet enfin ma carte de résident, auparavant appelée « Alien card ». Me voilà sur une autre planète.

Les néons dans la nuit

Il est environ 17h lorsque je quitte l’aéroport de Narita pour me rendre à… euhhh où ça déjà? Je sors maladroitement quelques feuilles de réservation imprimées au préalable et me met à la recherche d’un mot compréhensible au milieu de tous ces signes japonais qui n’ont aucun sens dans ma tête. Bon, si j’en crois les 4 phrases en anglais bourrées de fautes, je vais à Shinjuku. Et bien allons-y! J’achète maladroitement un ticket de train vers Tokyo et me retrouve déjà bloqué devant un portique d’entrée. Impossible de passer, les tickets que je viens d’acheter ne m’ouvrent pas la passerelle. J’essaie 4 fois, 5 fois, rien. Les quelques japonais qui passent à côté de moi me regardent comme l’Alien que je suis. Je finis par rire de mon incompétence et de cette situation stupide. « Mais qu’est-ce que je suis venu foutre tout seul ici! Je comprends rien! hahaha » J’apprendrai plus tard qu’il suffisait d’insérer les 2 tickets en même temps. La passerelle 1, Alex 0. (Ne riez pas, je suis sûr que beaucoup de gens font la même bêtise chaque jour).

Le train roule à toute vitesse. Je suis installé depuis quelques minutes déjà et dehors la nuit noire m’empêche de voir quoi que ce soit. Cela ne fait qu’augmenter mon niveau d’excitation. Quand vais-je voir les grandes avenues colorées? Verrai-je déjà des temples? Aussi excité qu’au matin de Noël, je ne lâche pas les fenêtres des yeux. Mes demandes finissent par être satisfaites puisque petit-à-petit le train perd de la vitesse et les néons de la ville apparaissent.

Shinjuku by night

D’abord rares, j’en croise bientôt des dizaines, puis des centaines! Me voilà enfin à Tokyo, cette gigantesque mégalopole, jungle de béton et de néons dont j’ai vu tant de photos et vidéos, et qui pourtant ce soir m’éblouit. Çà y est, j’ai quitté la réalité et je suis en plein rêve. Un changement à Nippori et j’emprunte la ligne Yamanote pour Shinjuku sans me douter que je finirais par l’utiliser tous les jours jusqu’à connaître les mélodies des gares par coeur. Dans le train je regarde les gens en souriant bêtement. Le sourire niais de l’ingénu qui découvre un nouvel univers. Mais ce n’est qu’en arrivant à la gare de Shinjuku (une gare, que dis-je, l’enfer!), que je réalise l’ampleur de la ville. Des milliers de japonais courent dans tous les sens dans cette gare qui est certainement la plus grande fourmilière humaine au monde! Non sans peine, je parviens à trouver la sortie Est vers Kabukicho, et là c’est le spectacle. Je me souviens avoir lâché ma valise près des rambardes du Koban et être resté totalement béat devant l’immensité des bâtiments lumineux qui s’exposaient devant moi. « Put**n le choc! » Moi qui n’avais jamais mis les pieds dans une grande mégalopole, je restais là figé à prendre déjà des photos d’immeubles pourtant sans grand intérêt. Petit Alex découvre le monde.

Capsule et râmen

J’ai réservé 5 nuits dans un Capsule hôtel, ces boîtes à sardines japonaises qui servent de chambres, dans le quartier de Kabukicho. La chance du débutant me fait le trouver très rapidement. Situé au dessus du Hub pour les connaisseurs. Tel le héros d’un jeu d’aventures, je me prends au jeu de la découverte et savoure mon arrivée dans cette chambre-boîte de 2m2 collée à des centaines d’autres. Je réalise que je suis en train de vivre une expérience totalement dingue et j’adore ça. Je décide de profiter de quelques minutes de repos, mais ne tenant pas en place, je sors rapidement explorer les lumières de la ville et trouver de quoi dîner.

Ramen

En me promenant dans la ville, je me fais une réflexion : il y a une drôle d’odeur à Tokyo, vous ne trouvez pas? Impossible de la décrire, ni même de dire si elle est agréable ou non, mais cette odeur persistante me suivra partout à Tokyo lors de ma première semaines. Étrange. Après 20 minutes de déambulation dans la ville et d’hésitation, je me décide timidement à entrer dans un restaurant. Je me sens là totalement perdu. Où est-ce que je m’assoit, comment je commande, qu’est-ce qu’il y a à l’intérieur de ces plats? Le menu est illisible et le serveur ne parle pas un mot d’anglais. C’est à ce moment là que je réalise la folle aventure dans laquelle je me suis embarquée. Je ne comprends rien bordel! Et ce n’est que le début! Heureusement le langage universel fonctionne et je me retrouve à manger mon premier râmen. Le premier d’une longue série.

Suivons ce Torii

Une fois le repas terminé, je profite de la chaleur agréable pour me balader tranquillement autour de mon hôtel. J’ai comme une envie de me perdre dans cette ville où je ne connais rien. Tout semble si animé, si électrique lors de cette première nuit dans le quartier de Shinjuku. Et là, au détour d’une rue, j’aperçois quelque chose. Quelque chose que j’ai déjà vu dans le peu d’Anime que je regardais pendant mon adolescence et pourtant l’image me saute aux yeux : je vois un Torii! Mon coeur s’emballe et je fonce vers celui-ci pour découvrir le mystère qu’il cache. Un temple? Un sanctuaire? Je n’en sais rien, mais je veux découvrir cette autre face du Japon. Celle d’un Japon plein de traditions antiques et mystérieuses. Ce que je ne savais pas, c’est que j’allais être doublement servi.

hanazono-dhrine-matsuri

En m’approchant de plus près, je remarque des centaines de lanternes illuminées qui mènent directement…à un festival en l’honneur du sanctuaire! Je grimpe les marches et ‘est encore un spectacle qui s’offre à moi. Un temple magnifique, des stands de nourritures plus appétissants les uns que les autres, des japonais en tenue traditionnelles qui trinquent en riant, un spectacle de marionnettes géant… Je n’arrive pas à y croire. Je suis tombé par hasard en plein Hanazono Shrine Matsuri! Ce fut le moment Nutella de cette soirée. Comment aurais-je pu imaginer mieux pour mes premiers pas au Japon? Moi qui ne connaissais presque rien du pays, je découvrais tout cela avec des yeux d’enfants avec cette impression de marcher dans un rêve. Tous ces lieux, toutes ces ambiances véhiculées par quelques médias et manga depuis tout petit : ils existaient vraiment! Dans la vie, certains instants sont magiques. Ce fut l’un de ces instants.

hanazono-shrine-matsuri

C’est rempli d’émotions que je retourne me coucher dans ma capsule. J’ai vécu l’une des plus merveilleuses soirées de ma vie. Je m’endors sur ce sentiment persistant : celui d‘avoir marché dans un rêve.

  • Alexandre Kerbellec

    Après plusieurs années au Japon et en Corée du Sud, j'ai décidé de devenir agent de voyage spécialisé sur ces 2 destinations afin d'en offrir le meilleur aux voyageurs. Vous trouverez sur Nihonkara de nombreux articles pour découvrir les 2 pays et vous aider à préparer votre séjour.

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2 commentaires sur “Ma première soirée au Japon”

  1. merci pour ce partage et bravo pour ton aventure, moi j\’ai trop peur de me lancer toute seule, surtout que je ne comprend pas le japonais et mon niveau d\’anglais attention les dégâts, donc pour l\’instant je n\’ai pas le courage de ma lancée. Ton blog est super, j\’adore, merci encore.

    1. Salut Sabine et merci de ton commentaire, ça me va droit au coeur! 🙂
      Je comprends tes hésitations, peut-être que cela viendra tout seul plus tard. Parfois il suffit de ne pas réfléchir et de se lancer 😉
      A bientôt!

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