Article invité rédigé par Caroline Giudicelli.
Sommaire
La revue Seito
C’est une revue mythique de l’époque. Alors que la presse était plutôt traditionnelle, le magazine Seito cassa les codes. Des fondatrices polémiques, des sujets tabous et des revendications fortes… zoom sur ce journal féministe qui a révolutionné son temps.
Histoire de la revue Seito, issue du mouvement Bluestockings
Raichō Hiratsuka : la littéraire modérée
À l’origine de cette revue féministe, il y a une femme : Raicho Hiratsuka. C’est par ces mots : « Au commencement, la femme a été le soleil » que débute cette grande aventure journalistique.
Pionnière du droit des femmes, elle a parcouru le monde après la 2nde guerre mondiale pour faire des conférences sur la paix. En parallèle, Raicho Hiratsuka a défendu le suffrage universel. Une vie bien remplie qui a métamorphosé le Japon du 20ème siècle.
Ito Noe : l’anarchiste rebelle
Son existence aurait pu être morne et sans relief. Mais Ito Noe s’est échappée de son village natal pour fuir un mariage arrangé.
Elle rejoint Tokyo et la revue féministe Seito puis prend la tête du magazine en 1915. Elle y développera des sujets féministes qui feront écho à sa propre vie : relation libre, homosexualité, chasteté, avortement …
Le concept de « femme nouvelle »
Alors qu’au Japon, la mode pour les femmes est de rester à la maison, une nouvelle génération féministe apparaît. Les femmes nouvelles sont éprises d’autonomie, elles souhaitent se détacher d’un monde inégalitaire pour construire leur propre réalité. Plus d’indépendance, plus de libertés… c’est ce qu’elles recherchent en sortant du joug de leurs maris.
Mais le terme « atarashii onna » (femme nouvelle) a également une connotation péjorative. Les journalistes de l’époque utilisaient cette expression pour critiquer les femmes de la revue Seito.
L’après-Seito, entre avancées et régressions du droit des femmes japonaises
La revue Seito cesse de paraître en 1916. Mais elle laissera son empreinte dans la société japonaise. Dans les années 1970, un nouveau mouvement féministe apparait : le « woman lib ». Il s’inspirera des femmes nouvelles.
Néanmoins, même au 21ème siècle, la prise de conscience est modérée. Les femmes restent sous représentées en politique. Elles font aussi face à un dilemme important : choisir entre sa carrière et ses enfants. Les crèches privées sont onéreuses et il est très difficile d’avoir une place en crèche publique.
Que faut-il retenir de cette revue féministe ?
Malgré le risque de censure, le journal Seito a marqué son époque. Une revue féministe visionnaire et controversée qui a permis de libérer la parole des femmes. Elles ont pu s’interroger sur leurs vies personnelles et faire évoluer leurs mentalités. « Sans idée le savoir ne vaut rien ».
Sources : https://pen-online.com/fr/culture/seito-la-premiere-revue-feministe-japonaise/ https://wikimonde.com/article/Seit%C3%B4_%28revue%29 https://www.franceculture.fr/oeuvre/genre-et-modernite-au-japon-la-revue-seito-et-la-femme nouvelle https://illustratedwomeninhistory.com/raicho-hiratsuka-was-a-writer-journalist/ https://wikimonde.com/article/Raich%C5%8D_Hiratsuka https://www.unioncommunistelibertaire.org/Ito-Noe-1895-1923-une-feministe-anarchiste-au-Japon https://histoireparlesfemmes.com/2016/01/18/ito-noe-feministe - anarchiste/ https://www.kanpai.fr/societe-japonaise/feminisme-japon https://www.la-croix.com/Monde/Au-Japon-femmes-exclues-vie-politique-2021-02-22-1201142020 https://www.expat.com/fr/guide/asie/japon/9719-creches-et-ecoles-maternelles-au-japon.html