Connus de tous, le mystère plane pourtant autour d’eux. Qui sont les Kamikaze ? Devenus aujourd’hui un nom commun, ces soldats japonais n’ont pas hésité à sacrifier leur propre vie pour l’honneur et la fierté de la patrie japonaise.
Les Kamikaze : une guerre sans fin
Avant de s’intéresser à l’Histoire de ces soldats, il est pertinent d’observer le sens du mot Kamikaze. Celui-ci est composé des 2 Kanji « Kami » 神 et « Kaze » 風 (prononcez kazé), qui signifient en français « Dieu » et « Vent ». La traduction appropriée du terme Kamikaze est souvent définie comme étant « le vent divin ». Un terme poétique pour nommer des soldats qui donnent leur vie pour l’Etat japonais.
Bien qu’apparemment certains Kamikaze sont apparus succinctement plus tôt dans l’Histoire du Japon, c’est en plein cœur de la seconde guerre mondiale que le phénomène se fait véritablement connaître. Alors que la guerre se termine en Europe et que les allemands vont bientôt capituler, la guerre fait encore rage dans le Pacifique. Après être parti en conquête d’une grande partie de l’Asie et surtout après avoir bombardé la base américaine de Pearl Harbor, les japonais sont devenu la cible principale des Etats-Unis. Ces dernier parviennent sans grand mal à s’établir non loin des côtes japonaises et ont alors un objectif : l’île d’Okinawa. Le fait de poser une de leur base sur cet archipel leur permettrait d’établir un camp d’attaque parfait pour investir le Japon tout entier. Seulement les japonais ne souhaitent pas se laisser faire.
Face à cette flotte américaine impressionnante et redoutable, le général Ugaki alors aux commandes imagine une stratégie redoutable : embarquer les soldats dans de petits avions-missiles destinés uniquement à la destruction : les Kamikaze. Alors que les engins de guerre et les forces japonaises commencent à s’essouffler, les Kamikazes constituent l’une des dernières solutions viables pour contrer les forces américaines. L’objectif des soldats est clair : s’écraser en priorité sur les portes-avion, les cuirassiers et les torpilleurs. Durant la guerre, plusieurs escadrons partiront à bord des Ohka, les bombardier réalisés pour ces opérations, et tenteront de s’écraser sur les portes-avions US. Malgré les ripostes armées de ces derniers, les japonais parviennent à plusieurs reprise à détruire totalement quelques gros bateaux des alliés. Plusieurs témoignages de combattants américains de l’époque attestent de la peur que leur infligeaient les Kamikaze nippons. « Ces types-là sont capables de se faire sauter pour nous faire reculer, ils sont fous ». Plus que des dégâts matériels et humains, c’est une véritable pression psychologique qu’infligent les Kamikaze à leurs ennemis qui les voient parfois foncer droit sur eux, yeux dans les yeux. La stratégie Kamikaze déboussole totalement les soldats US et britanniques qui ne la comprennent pas. Malgré cela, comme l’atteste l’Histoire, les japonais doivent capituler quelques semaines plus tard après l’épuisement des ressources humaines et matérielles de guerre et les tragédies d’Hiroshima et de Nagasaki.
Si l’Histoire de la guerre et du Japon vous intéresse, je vous invite à vous rendre au Yasukuni-Jinja à Tokyo. Sanctuaire dédié aux héros de guerre, le site accueille également un musée de la guerre où vous pouvez notamment observer les avions de guerre japonais et en apprendre plus sur les combats de l’archipel. Il est intéressant de comprendre le point de vue japonais sur ces événements, sans pour autant y accorder une confiance totale.
Qui étaient les Kamikaze ?
Sacrifier sa vie pour la guerre et pour la patrie. Les japonais en étaient-ils vraiment capables ? En seraient-ils encore capables aujourd’hui ? Ce furent d’abord les soldats qui prirent part les premiers aux assauts Kamikaze. Dans l’engouement général de la guerre, ceux-ci étaient volontaires et signaient leur arrêt de mort en lettres de sang, tout en y inscrivant leur enthousiasme. Dans la réalité, plutôt que d’être de vrais volontaires, ces soldats étaient souvent peu gradés et pouvaient difficilement refuser d’obéir aux ordres.
Une fois les premières frappes passées et le nombre de soldats devenu très faible, de nouvelles recrues furent embrigadées parmi les jeunes civils japonais. Il fallait réussir à en convaincre des milliers de devenir Kamikaze pour sauver l’honneur de ce grand pays qu’est le Japon. Des campagnes de propagande prirent effet dans le but de faire se sentir coupables les jeunes qui ne partaient pas à la guerre. Souvent inexpérimentés, ces jeunes recevaient des formations express sur le bon maniement des bombardiers Kamikaze et sur des tactiques d’explosion et de descentes en piquée sur 1500m d’altitude ou autre. On informait souvent les nouvelles recrues de leur mission 1 ou 2 jours en avance pour ne pas leur laisser le temps de trop réfléchir. Ils écrivaient alors une dernière lettre à leur proche, enfilaient un foulard aux couleurs nationales sur le front, chantaient l’hymne à la guerre, buvaient un dernier verre de saké et embarquaient pour accomplir leur devoir.
Aujourd’hui, on utilise souvent le terme Kamikaze pour désigner une personne qui met volontairement fin à ses jours dans un attentat-suicide. Cette signification ne vaut que pour le monde occidental. Au Japon, le mot reste évocateur des soldats de la seconde guerre mondiale sacrés comme des héros par certains.
Pour en apprendre davantage sur les Kamikazes, je vous invite à regarder cette très bonne vidéo de France 5 sur le sujet :
Le sacrifice, une institution japonaise ?
Que ce soit au travers des Kamikaze mais aussi de nombreux pans de leur histoire et de leur société moderne, les japonais semblent édifier le sacrifice comme un maître-mot. Comme on se sacrifiait auparavant pour la grandeur de la patrie, on n’hésite pas aujourd’hui à sacrifier sa vie de famille pour faire briller son entreprise.
Derrière le sacrifice vient avant tout une question d’honneur. Il n’y a pas de sacrifice si ce n’est pour préserver son honneur. L’honneur de soi, l’honneur de sa famille, l’honneur de sa patrie. Comme le samouraï qui se plante un Katana dans le ventre à la façon Hara-Kiri pour partir dans l’honneur de la souffrance, les soldats japonais ont voulu défendre leur patrie jusqu’au bout. Si cela peut sembler étrange et extrême de notre point de vue occidental, cela prend tout son sens lorsqu’on s’intéresse à l’Histoire et à la culture du Japon. Dans un pays où les maîtres-mots ont toujours été l’honneur, la famille et la patrie, et qui est resté si longtemps centré sur lui-même sans jamais ne connaître une seule invasion extérieure avant celle des américains, le sacrifice prend tout son sens. La ténacité des japonais est de notoriété mondiale. Comme ils étaient de fiers combattants, prêts à tout pour ne pas accepter la défaite, ils sont aujourd’hui de fiers travailleurs et n’hésitent pas à enchaîner les heures sans jamais flancher et affichent toujours leur plus grand sourire. La fierté d’un peuple japonais, héritier de la dynastie des Yamato et d’une terre considérée parfois comme sacrée. Un simple postulat, mais une piste intéressante à creuser.