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Miyama, le trésor caché de la préfecture de Kyoto 

kayabuki no sato

Vers le nord de l’ancienne capitale impériale Kyoto et ses nombreux temples, dans un paysage serein de petits villages et de montagnes paisibles, se trouve un lieu tout imprégné de poésie : Miyama 美山 ‘‘La belle montagne’’. Tout au long du voyage qui mène à cet endroit, on se dit d’ailleurs s’agit là d’un nom qui tombe sous le sens. 

Que faire à Miyama ?

Kayabuki no Sato, un saut dans le temps

A Miyama, le temps semble s’écouler plus lentement qu’ailleurs, comme en témoignent les chaumières de Kayabuki no Sato, entourées de bois et longées par une rivière, où l’on perpétue une méthode vieille de plusieurs siècles pour entretenir ces maisons traditionnelles aux toits de chaume. 

Petit village pittoresque, au sein même de Miyama, composé d’une quarantaine de maisons aux toits de chaume, Kayabuki no Sato, dit ‘‘Le village des maisons aux toits de chaume’’, vous rappellera beaucoup le célèbre village japonais de Shirakawa-go, à ceci près, qu’ici, les habitants vivent encore dans ces charmantes maisons, qui ne sont pas encore les proies du tourisme de masse. 

Kayabuki fait référence au ‘‘kaya’’, un matériau utilisé pour la toiture, fabriqué en coupant et en assemblant de nombreuses espèces d’herbes, de roseaux et de paille. Dans cette région, il est normal que les membres de la communauté se mobilisent pour aider leurs voisins lorsque les toits nécessitent des réparations ou un remplacement. Ils sont renouvelés environ tous les 20 ans, à un coût très élevé, bien plus qu’un toit en tuiles, mais grâce à l’esprit d’entraide de ses habitants et la participation de l’Etat, la tradition est préservée

On y vit simplement et avec humilité, loin de l’urbanisation et des grandes villes, à l’image des locaux, pour la plupart des paysans. Leurs foyers ont traversé les âges, certains datant de plus de 200 ans, et trouvent leur origine pendant l’ère Edo, l’ère des samouraïs. Entre la rivière Yura qu’on entend couler paisiblement et une montagne fièrement boisée, le charmant hameau possède aussi quelques maisons habitées. Ici, les propriétaires ont improvisés de petites boutiques ou cafés. Mais pour le reste, Kayabuki no Sato demeure tel qu’il est resté depuis des siècles, peuplé de locaux qui vivent de leurs terres. 

Le festival des lanternes de neige

À Miyama, les premières chutes de neige débutent vers la mi-décembre, et la région est recouverte d’un blanc manteau en janvier et au début de février. Durant cette période hivernale, on peut profiter d’un festival organisé par les habitants, qui veulent partager avec les visiteurs le paysage féerique du village recouvert de neige, le tout agrémenté de l’illumination de lanternes de neige. 

Les lanternes faites à la main et les illuminations créent également une atmosphère fantastique et nostalgique, mettant en valeur les toits de chaume recouverts de neige. Le festival se déroule fin janvier – début février. Vous trouverez les dates exactes du festival et diverses infos sur le site Web dédié.

Notre expérience hors du temps à Miyama

À Miyama, j’ai été chaleureusement accueilli par Mari-San, la gérante de l’hôtel où nous étions hébergés. D’une grande gentillesse, elle est venue nous chercher en voiture à la station la plus proche. Ici, tout le monde l’appelle Mari-Chan (suffixe plus amical, affectueux). Originaire de Miyama, elle aime profondément sa région de cœur. Elle est aussi guide à Kayabuki no Sato et parle couramment l’anglais. D’emblée, elle a voulu nous faire découvrir ‘‘la vie d’un villageois’’ japonais. 

Mari et sa famille (son père et son frère sont menuisiers) ont un jour décidé de rénover eux-mêmes de très vieilles maisons, pour leur donner une nouvelle vie, et ainsi donner naissance à leur hôtel Nipponia Tsurugaoka. ‘‘Nipponia’’ fait référence à un projet qui a pour but justement de faire revivre des petites villes et donner envie aux gens de venir visiter ces coins magnifiques, mais parfois oubliés ! 

Le check-in se fait dans une petite supérette locale, et comme il n’y a pas de‘‘konbini’’ (épiceries japonaises ouvertes 24h/24), on nous a servi un délicieux thé au gingembre de la région. 

Mari et sa famille ont fait un travail admirable, avec trois petites maisons au charme absolu, soigneusement décorées, les unes à côté des autres. 

Personnellement, j’ai eu la chance de pouvoir choisir ‘‘ Hotarubi 101’’ (hotaru, en référence aux lucioles que l’on peut voir la nuit si l’on vient à la bonne saison !), une maison aux accents traditionnels japonais, avec tous les équipements modernes nécessaires. Vous y trouverez une cuisine équipée, et un charmant plateau avec du café que vous pourrez moudre vous-même et du thé de Miyama

Tout est fait à l’image de Miyama. Ainsi, on y utilise les produits locaux et qui ménagent l’environnement : pas de plastique, des sacs-poubelle en papier, de jolies tasses faites par un artisan local, ou encore les murs peints en bleu à partir de pigments produits à Miyama ! 

La maison (hôtel) invite à l’évasion, de même que le petit cours d’eau juste à l’arrière, ou encore le bruit du vent dans les arbres de la forêt, et parfois quelques biches… Nous avons pu nous prélasser dans le Kotatsu, cette mini-table japonaise chauffée d’où il est quasiment impossible de sortir. 

L’hôtel propose différentes activités permettant d’expérimenter la vie des locaux. Ainsi, vous pourriez par exemple apprendre à confectionner des mochis, des sushis de maquereau, récolter du riz, faire de la calligraphie et bien d’autres choses encore. Moi, j’avais choisi le Kintsugi 金継ぎ, une méthode incroyable qui consiste à réparer des objets brisés, en porcelaine ou céramique, avec une laque saupoudrée d’or. 

C’est Ai-sensei qui nous a enseigné l’art de redonner vie à un objet cassé, une expérience extraordinaire qui dure 3 heures. La philosophie du Kintsugi nous incite à prendre soin de nos objets du quotidien, au lieu de les jeter lorsqu’ils ont subi l’épreuve du temps ou une cassure accidentelle. Le résultat final était tellement beau qu’il sublimait l’original, à tel point que l’envie m’était venue de rentrer chez nous pour casser toutes nos porcelaines ! Ai-sensei, qui habite à Miyama, était absolument adorable et je ne peux que recommander cette expérience qui m’a vraiment marqué et qui aura changé mon regard sur la manière dont nous traitons les objets que nous possédons. 

Vous pouvez retrouver Ai-sensei sur son site Web.

Le soir venu, Emi-San (la sœur de Mari-San) nous a emmenés à 5 minutes en voiture, dans un restaurant japonais, ‘‘Yururi’’. 

Au moment du check-in, il nous fut possible de choisir entre quatre restaurants. Nous avons laissé le soin à Mari-Chan de choisir pour nous, et nous n’avons pas regretté ! Il est difficile de trouver les mots, tant l’expérience était magique. Dans cette vieille maison si charmante, de la buée sortait de nos bouches tant il faisait froid dans le hall principal à notre arrivée, et des petits poissons, pêchés pour nous le matin même, étaient en train de cuire. La pièce où l’on mange était, par contraste, tellement chaleureuse et authentique, comme ce vieux poêle placé derrière nous pour se réchauffer en attendant que nos papilles ne soient ravies par ce qui allait suivre. C’était un festin qui combine les mets japonais aux produits locaux. Vous y dégusterez les meilleurs champignons et la meilleure boisson avec les fruits de saison – pour nous, le yuzu et le coing (j’en ai recommandé 3 fois). Gochisousamadeshita

C’est le propriétaire du restaurant qui nous a raccompagnés à l’hôtel, après le repas, car ici tout le monde se connaît et s’entraide. Il y a un vrai sens de la communauté que l’on ressent directement. 

À notre retour, nous avons pu profiter de l’incroyable baignoire, en ajoutant à l’eau du bain des yuzus qui distillent un parfum divin. Le bonheur absolu ! (Ne pas oublier, à la tombée de la nuit, de profiter du ciel étoilé, du petit jardin japonais devant la chambre, ainsi que du calme environnant, perturbé uniquement par les faibles sons émis par la faune alentour. C’est magique !) 

Si vous aimeriez découvrir la campagne japonaise, ou si la nature vous manque, je ne peux que recommander cet endroit, car c’était un énorme coup de cœur, tant l’accueil y était merveilleux. 

Où dormir à Miyama ?

Vous l’aurez compris en lisant notre témoignage, nous vous conseillons fortement de vous rendre chez Mari. N’hésitez-pas à lui dire que vous venez de la part de Julien-San de Nihonkara, elle sera ravie. 

NIPPONIA Miyama Tsurugaoka Mountain Village 

SHINSHAKADOMAE 1, TSURUGAOKA, MIYAMACHO,
NANTAN-SHI, KYOTO, 601-0762, JAPAN 

[email protected] 

Pour y aller, c’est assez simple ! Depuis Kyoto Station (la gare de Kyoto), emprunter la ligne San-in jusqu’à Sonobe, traverser le quai pour prendre le train jusqu’à Hiyoshi. Depuis Hiyoshi, votre hôtel peut dépêcher quelqu’un pour venir vous chercher en voiture, à moins que vous ne préfériez prendre le bus (il y en a toutes les heures) jusqu’à Kayabuki no Sato.

  • Alexandre Kerbellec

    Après plusieurs années au Japon et en Corée du Sud, j'ai décidé de devenir agent de voyage spécialisé sur ces 2 destinations afin d'en offrir le meilleur aux voyageurs. Vous trouverez sur Nihonkara de nombreux articles pour découvrir les 2 pays et vous aider à préparer votre séjour.

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