La ville de Tenri au Japon n’est pas une ville tout-à-fait comme les autres. Située à quelques minutes seulement de Nara, elle n’est néanmoins pas en retrait et fait parler d’elle assez régulièrement pour son culte Tenrikyo et pour son rôle international dans le judo.
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Tenri, cité au cœur du Japon antique
Située à seulement 10 minutes en train de Nara, l’ancienne grande capitale bouddhiste du Japon, Tenri est également toute proche de la région d’Asuka et de Sakurai connue pour être le berceau du Japon. Aller visiter la ville de Tenri, c’est donc faire un retour dans le passé et dans l’Histoire du Japon. On peut y admirer de nombreux Kofun, les anciens mausolées datés des années 300 à 700 mais aussi prendre part au Yamanobe no Michi : un ancien chemin de pèlerinage de plus de 10km dans la campagne japonaise. AU travers de celui-ci, vous passerez par des sentiers magnifiques entourés d’étangs, de rizières, de Kofun, de temples et sanctuaires en tout genre. Le temps tourne ici au ralenti et visiter cette région en plein été est un vrai bonheur et un retour aux sources antiques du Japon de l’époque Asuka.
Mais plus qu’un retour dans l’histoire du Japon, c’est une visite du Japon typique que propose la ville de Tenri. En effet, malgré une forte présence internationale comme nous allons le voir, le centre-ville et ses abords ont su garder l’aspect et l’atmosphère d’une petite ville japonaise des années 90. A l’intérieur de sa rue principale « la Hondoori », vous trouverez des cafés aux allures du passé, des petites boutiques aux enseignes pleines de poussières et tenues par des petits vieux ou encore quelques stands de nourriture eux-aussi d’une autre époque. En s’éloignant un peu, l’on tombe sur des champs, des rizières et des habitations traditionnelles le tout surplombé par les montagnes. Un vrai plaisir visuel. Si vous cherchez une ambiance de Japon hors des sentiers battus, Tenri est une ville idéale où venir faire un tour.
Tenrikyo, nouvelle religion internationale
Impossible de parler de la ville de Tenri sans évoquer la religion Tenrikyo intimement liée à la cité et de son rayonnement mondial. A Tenri c’est bien simple : Tenrikyo est partout ! Dès que l’on sort de la gare, les adeptes du culte sont là pour chanter ou réciter des prières dans différentes langues. Dans la rue principale de la ville, des affiches en japonais vous souhaitent la bienvenue à « Oyasato » la ville-mère et les gens portent tous la même tunique estampillée « Tenrikyo ». De quoi interloquer les visiteurs. Mais qu’est-ce que réellement cette religion Tenrikyo ?
Traditionnellement parlant, la grande majorité des japonais partagent leur vie entre les 2 religions principales du pays qui sont le Shintoïsme et le Bouddhisme. Nées à des périodes différentes de l’Histoire de l’archipel japonais, ces 2 croyances cohabitent aujourd’hui sans travers et l’on va au temple et au sanctuaire sans que cela ne fasse de tort à l’une ou l’autre religion. Les japonais ne se considèrent d’ailleurs pas vraiment comme religieux, mais plutôt comme très attachés à la tradition.
C’est dans ce contexte que sont nées au Japon au début du 19ème siècle de nombreuses « nouvelles religions » aux valeurs très fortes. Si un grand nombre d’entre-elles se sont noyées dans l’œuf, quelques-unes ont réussi à subsister et grandissent même d’année en année grâce à de nouveaux adeptes partout autour du monde. C’est le cas de Tenrikyo, qui est aujourd’hui devenue l’une des plus grandes nouvelles religions du Japon.
Le culte Tenrikyo a été fondé en 1838 par Miki Nakayama, que les fidèles appellent aujourd’hui « Oyasama ». Cette femme, dotée de pouvoirs de medium, aurait été approchée par « Dieu le parent » et aurait ensuite transcris ses écrits tout en menant une vie de pauvreté. Aujourd’hui presque 200 ans plus tard, la ville de Tenri est considérée par les adeptes comme le point d’Origine de l’humanité. Selon la croyance Tenrikyo, les Hommes sont tous frères et sœurs et le but de l’existence est la vie de joie. Après avoir reçu l’approbation officielle du gouvernement de Meiji, Tenrikyo n’est aujourd’hui plus considérée comme une secte comme certains le disent encore.
Au sein de la ville de Tenri, cette religion prend une place colossale et ce sont presque toutes les rues, les enseignes et les institutions qui sont sous la tutelle du culte Tenrikyo. Chaque 26 du mois, des adeptes viennent du pays tout entier célébrer l’anniversaire de la naissance du culte et ont alors lieu prières et célébrations près du grand temple de la ville (que l’on dénomme d’ailleurs davantage Eglise), mais aussi un peu partout dans la ville. Les adeptes portent tous une tunique noire bien spécifique au quotidien et il n’est pas rare d’en croiser des dizaines lorsqu’on sort de chez soi.
Malgré une très forte présence dans la ville et dans la région, il est tout à fait possible de résider à Tenri sans que cela n’empiète sur notre vie privée. J’en suis le parfait exemple. A part quelques prospectus prônant la bonté envers autrui et quelques sermons près de la gare, j’ai vécu une vie très tranquille dans cette ville on ne peut plus intéressante !
Tenri, championne du monde de Judo
S’il y a bien une chose pour laquelle la ville de Tenri rayonne à l’international encore plus que pour sa religion : c’est pour ses grands champions sportifs, et notamment le judo. Sport japonais par essence, il est le sport de la fierté et du mérite dans la ville de Tenri. La ville est un lieu très connu pour ses médaillés ainsi que pour ses méthodes d’entrainement très pro et très dures. De nombreux grands sportifs originaires de toute la planète viennent chaque année s’entraîner quelques semaines ou quelques mois à Tenri pour acquérir de nouvelles compétences et une rigueur à toute épreuve.
Shohei Ono, Joshiro Maruyama ou encore Yuji Yamamoto : si ces noms ne vous disent rien, c’est que vous n’êtes pas familiers avec l’univers du judo professionnel. Ce sont ici 3 exemples de judoka reconnus mondialement pour leur titre ou leur fort potentiel et ils ont tous en commun d’être passé par le terrible entraînement de l’Université de Tenri. Celui-ci se décompose généralement en 4 années d’entraînement intensif et pendant lesquelles les valeurs du respect du Sempai (l’ainé) et de l’importance de mériter son statut sont à l’honneur. A Tenri, les Sempai et les grands champions qui ont fait leur preuve sont salués à tous les coins de rue, et les petits nouveaux sont généralement chargés de tout faire pour eux et d’en faire plus que les autres pour prouver leur implication et leur discipline. Ainsi les premières années doivent arriver plus tôt et repartir plus tard pour nettoyer le Dojo. Le tout en plus d’un ou 2 entraînements très intensifs par jour. Sur les tatamis durs du Dojo principal de la ville, les prises sont brut, impressionnantes, et assister à un entrainement relève du véritable spectacle. Chacun des élèves espère un jour lui aussi devenir champion dans sa catégorie et porter haut et fort les couleurs du Japon et de Tenri. Cet entrainement, très dur, a parfois laissé la place à des débordements. Ainsi Shohei Ono, champion du monde, s’est retrouvé dans les années 2000 dans une affaire de maltraitance d’une douzaine de premières années, dont l’un a eu le tympan cassé. Un triste réalité qui heureusement n’arrive pas tous les jours mais qui témoigne de la dureté du Judo de Tenri. Comme ils le disent eux-même : « un judoka de Tenri a deux missions : être fort, et être beau ».
Pourtant, plus que les japonais eux-même, ce sont des athlètes et apprentis du monde entier qui viennent s’entraîner à Tenri pour perfectionner leur maîtrise du Judo. Souvent le temps d’un semestre ou 2, ils sont logés dans un bâtiment rudimentaire de l’Eglise Tenrikyo et vont s’entraîner chaque jour avec les meilleurs. Et croyez-moi pour en avoir côtoyé plusieurs : les premières semaines sont épuisantes, écrasantes mais la montée en compétence est incroyable.
Ci-dessous l'Instagram de mon ami Schugga Nashwan, champion de Judo paralympique en Allemagne et venu passer un semestre à Tenri pour préparer les JO de 2020. Force à lui.
Une école à Paris
Peut-être êtes-vous tombé sur cet article car vous recherchez une école de japonais à Paris. En effet, dans la rue Bertin Poiré toute proche de l’arrêt Châtelet se situe l’école de japonais Tenri. Celle-ci est en réalité une association implantée à Paris par la ville de Tenri et l’Eglise Tenrikyo, d’où son nom.
C’est après avoir moi-même pris des cours du soir à Tenri Paris que j’ai pu partir étudier le japonais au Japon pendant tout un semestre. Les cours enseignés à l’association franco-culturelle de Tenri sont d’une très bonne qualité et je vous les recommande très fortement. Les classes sont généralement très petites (de 4 à 10 personnes), ce qui donne une forte proximité et interaction entre les élèves et le professeurs. Ceux-ci sont d’ailleurs pour la plupart très gentils et très professionnels. Plusieurs sessions sont disponibles selon que vous soyez débutant ou intermédiaire et que vous souhaitez prendre 1, 2 ou 3 cours par semaine.
L’accent est également mis sur un esprit de famille. Chaque mois est organisé un « pot amical » ou chacun rapporte quelques gâteaux confectionnés ou des boissons que tout le monde partage dans la bonne humeur. Un petit bout de Japon en plein milieu de Paris, le tout pour un prix très raisonnable. Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site de l’association ou directement sur place. Peut-être nous croiserons-nous dans les couloirs !
la constatation que quelque soit l’intérêt de la lecture, quelque soit l’avis ou la critique après lecture, peu de gens, voir personne « 0 commentaire » ne prend l’initiative et le courage et dire « oui j’ai lu votre article qui présente l’intérêt de passer des messages ». Cela est dommage et dommageable, ce qui explique que j’ai pris le temps de répondre au « journaliste en herbe, amateur ou professionnel » quoiqu’il en soit à une personne qui a pris de « son temps » pour nous informer ou nous instruire. Donc, bravo pour votre initiative et merci.
Merci
Est-ce que tu as eu toi aussi Fukui-sensei ? J’ai tellement adoré ce prof ! J’ai aussi passé une année à Tenri, c’est une longue histoire (dont j’ai parlé un peu dans mon dernier article sur Nara Dreamland : https://japonsecret.fr/nara-dreamland-fin/). Je pensais beaucoup évoluer pendant cette année, malheureusement… après les 3 premiers mois, je me suis retrouvé dans la classe supérieure, entouré de chinois et coréens qui apprenaient tous instantanément, bref… j’étais largué (comme tous les autres « blancs » d’ailleurs).
Salut Jordy !
Haha ouais, j’avais vu à l’époque que tu avais passé 1 an à Tenri aussi. Je n’ai pas eu Fukui sensei, mais je vois qui c’est. Moi, celui qui m’a traumatisé, c’est Fukugawa Sensei. J’ai vite décroché également vu la vitesse d’apprentissage. Mais j’ai énormément progressé en peu de temps et j’en ai profité pour découvrir vraiment la région de Nara et du Kansai… magnifique !