Lors de mon PVT au Japon, j’ai expérimenté à plusieurs reprises des séjours en Wwoofing. Je vous raconte ici le premier d’entre eux, dans une ferme à Azumino dans les Alpes japonaises.
Sommaire
Une arrivée sous le soleil d’Azumino
Juin 2016. Après plus de 6 mois de travail intensif à Tokyo, je décide de tout plaquer pour vivre quelques mois d’aventure et de pure road-trip à travers le Japon. Après avoir fait mon sac-à-dos et recherché un itinéraire, mon choix est fait : mon 7ème mois au Japon se déroulera dans les Alpes japonaises et je testerai 10 jours en Wwoofing dans une ferme biologique!
— Petit aparté —
Pour les personnes qui ne le sauraient pas : le wwoofing est une pratique visant à mettre en relation des hôtes (souvent des fermes) avec des wwoofers (des gens quoi) pour un échange de bonne volonté. Les wwoofers s’engagent à aider les hôtes dans leur travail au quotidien, en échange de quoi les hôtes leurs offrent le gîte et le couvert. Si vous êtes intéressés par la pratique, je vous invite à lire cet article où je traite du Wwoofing au Japon.
— Fin du petit aparté —
J’étais donc tout content de ce début de road-trip japonais et c’est par un bel après-midi, après avoir visité les villes de Nagano et Jigokudani que je suis arrivé à destination : la ville d’Azumino. Perdue dans la montagne japonaise, mais néanmoins toute proche de la ville de Matsumoto, la ville d’Azumino a un charme certain que lui confèrent ses dizaines de rizières et fermes traditionnelles ainsi que son panorama sur la montagne. En bon backpacker, je me suis évidemment organisé à l’arrache. Aucune idée donc de l’endroit où peut se trouver la ferme où je vais loger pendant 10 jours et pas de réseau sur mon téléphone. Pas de raison de s’inquiéter pour autant! Il fait un temps absolument magnifique et j’ai 5 heures d’avance sur mon rendez-vous. J’ai donc largement le temps de trouver la ferme de mes hôtes et même de profiter du soleil en me baladant dans la campagne.
Après avoir marché une bonne heure à travers la campagne, trempé par la chaleur et mon sac sur le dos, j’aperçois au loin un bâtiment sur une colline qui m’interpelle. Motivé et n’ayant rien d’autre à faire, je me décide à grimper cette petite montagne pour découvrir ce qui s’y cache. Quel n’est pas mon enchantement lorsque je découvre que le bâtiment qui m’intrigue est en fait un Onsen! Quand on connaît mon Amour des sources chaudes japonaises, on peut imaginer la joie qui me parcourt à ce moment-là. Sans aucune hésitation (et vu qu’il me reste encore 3 heures à attendre), j’entre dans le Onsen profiter d’un moment agréable avec une vue magnifique sur la vallée. Je ne me doute pas que j’y reviendrai fréquemment durant mes 10 jours de wwoofing. A l’intérieur j’enchaîne les différents bassins et fais rapidement la connaissance d’un papi japonais très sympa et plutôt intrigué par le fait de rencontrer un babtou fragile comme moi dans un Onsen perdu d’Azumino.
Après une longue discussion dans le plus simple appareil à propos du vin et des femmes françaises, mon nouveau copain propose de m’emmener en voiture directement à la ferme où j’ai rendez-vous. Alors oui, il ne faut jamais monter dans la voiture d’un inconnu. Mais là il s’agit d’un papi japonais de 70 ans donc je m’autorise un écart. Je suis reçu vers 19h chez mon hôte et sa famille dans une ferme que j’avais déjà vu en me baladant plus tôt dans la journée. Et là, c’est le choc. Mon hôte me fait faire le tour du propriétaire, me montre les commodités et la chambre où je vais passer les 9 prochaines nuits, si on peut appeler ça une chambre. Douche délabrée, toilettes sur le palier et chambre dans un container plein de trous, soit un paradis pour les grosses bêbêtes très présentes grâce à la forte humidité de la montagne japonaise. Mon ressenti à ce moment précis est tout simple : « Bordel, mais qu’est-ce que je suis venu foutre ici. »
Un emploi du temps bien rôdé
Je n’ai pas le temps de cogiter bien longtemps puisque dès le lendemain matin : réveil à 4h30 ! (Quoi, 4h30 du matin!!?? mais comment, pourquoi!!??) Tout simplement car l’été arrive et qu’il est plus simple pour tout le monde de travailler très tôt pour éviter les trop fortes chaleurs. Un argument tout à fait valable, mais ça reste quand-même super tôt. On s’habille, on file prendre un petit-dèj japonais (riz gluant et poisson dès le matin #sisi) et Hop au boulot! Voici à peu près à quoi ressemblent mes journées de travail :
- 4h30 : lever et petit-déjeuner
- 5h – 7h : début du travail (Récolte de pommes ou de pêches dans les arbres fruitiers, plantation de patates douces, arrachage de mauvaises herbes…)
- 7h – 8h : pause d’une heure et second petit-déjeuner (ben ouais, il fait faim!)
- 8h – 10h : seconde session de travail, souvent identique à la première
- 10h – 12h : repos
- 12h – 13h : déjeuner
- 13h30 – 15h30 : dernière session de travail (fruit-picking, plantation de riz, entretien de la ferme…)
- 15h30 ~ : temps libre
Tout cela 6 jours sur 7 avec une journée de congé par semaine. En voiture Simone!
Les 2 ou 3 premiers réveils sont difficiles, mon corps n’étant pas encore habitué à se lever ni à se coucher si tôt. Mais je finis par m’y faire et trouve l’emploi du temps plutôt bien ficelé. Cela permet d’avoir beaucoup de temps libre l’après-midi, ce qui est idéal pour visiter les alentours.
Le wwoofing au Japon : un melting-pot
Faire du wwoofing, c’est un peu comme faire du covoiturage : on ne sait jamais sur quel type de personne on va tomber, et on est toujours surpris! J’ai la chance d’expérimenter ces 10 jours de wwoofing en plein été, la ferme accueille donc d’autres wwoofers et je ne suis pas seul au charbon. Je partage la maison avec une professeur japonaise en vacances et un groupe de 4 amis malaisiens du même âge que moi et qui effectuent un stage agricole au Japon. En plus de découvrir les métiers de l’agriculture, ils découvrent le Japon pour la première fois et s’émerveillent des moindres petites choses du quotidien comme les produits du supermarché. Ils parlent tous les 4 aussi bien japonais que je ne parle le malaisien. Heureusement, la mère de famille qui nous accueille parle un bon anglais, ce qui rend tout plus facile. Très souriante et accueillante, elle s’occupe principalement de la maison, des repas et des enfants, ce qui représente déjà une grosse charge de travail. Son mari, le chef d’exploitation est un tokyoïte qui a décidé de quitter la ville il y a une quinzaine d’années pour vivre de ses propres récoltes à la campagne. Il ne supporte pas le mode de vie de la capitale et se sent beaucoup mieux à Azumino. Très accueillant également, il est néanmoins soucieux du travail bien fait.
Enfin, le couple a 3 enfants qui vivent au rythme du wwoofing. Depuis qu’ils sont tout petits, ils ont toujours connu la présence des wwoofers à la maison, si bien qu’ils ont grandi avec chaque soir de nouveaux inconnus à leur table. J’observe une photo du bébé de la famille tout sourire agenouillé dans le jardin avec d’autres woofers. Ce garçon a aujourd’hui 15 ans et a du mal à esquisser un sourire comme le veut toute bonne crise d’ado. C’est dans ce joyeux bazar que je passe finalement 10 jours exceptionnels en tant que paysan à Azumino. Je ne comprends pas grand-chose aux discussions en japonais, les tatamis sont devenus marrons par l’usure, les tapisseries se décollent des murs, mais la bonne humeur est au rendez-vous et les plats de la maison sont excellents ! Ce midi c’est soupe de soba avec du tofu séché et des légumes du jardin, et ce soir les malaisiens nous concoctent un curry halal bien de chez eux. Miam!
Vis ma vie d’agriculteur japonais
Habitué à travailler dans un bureau en France, puis en tant que serveur à Tokyo, me voici désormais apprenti paysan dans les Alpes japonaises, et j’adore ça… parce que je sais que cela ne va durer que 10 jours! En aucun cas je n’aurais aimé passer mon PVT entier en wwoofing. Venant d’un milieu agricole, je ne découvre pas totalement tout, et cela m’aurait vite blasé de passer 1 an à la ferme. Mais pour 10 jours, en plein road-trip dans le Japon rural et après 6 mois à Tokyo : quel bol d’air frais! J’adore ma petite vie de paysan intérimaire! Même si les réveils sont difficiles, j’ai la chance d’avoir un temps magnifique pratiquement tous les jours. Je ne vous raconte pas le bonheur que c’est que de travailler en plein air de bon matin avec comme seuls compagnons le soleil qui vous tape et le bruit des insectes. Un pur régal (sauf peut-être pour mes amis malaisiens qui pratiquent le ramadan en cette période et ont très très soif).
Comme je vous l’ai écrit précédemment, je passe la plus grande partie de mon temps de travail à arracher des pommes dans les pommiers de notre hôte. Et le travail est long puisque celui-ci possède l’une des plus grandes fermes d’Azumino avec plusieurs champs de plusieurs rangées de pommiers. Les heures défilent plutôt rapidement et ne sont ponctuées que par les allées et venues des impressionnants Suzumebachi. Ce nom vous fait peur? C’est normal. Les suzumebachi sont les énormes frelons asiatiques très présents dans les montagnes japonaises en cette période de l’année et qui peuvent vous tuer en une seule piqûre OKLM. Leur taille est telle qu’on les entend et on les voit arriver de loin. Dans ces moments-là nous faisons tous preuve de courage… en sautant de notre échelle et en nous mettant à terre. Les papis japonais qui travaillent avec nous dans les champs tentent souvent de nous prévenir en criant « Abunai, abunai! » (dangereux). Si vous voulez en savoir plus sur ce monstre, je vous laisse découvrir cette vidéo.
Chaque jour à 10h, nous entendons cette charmante mélodie très reconnaissable et diffusée au loin dans toute la montagne :
Cette musique est doublement agréable, car en plus d’être vraiment délicieuse à entendre, elle signifie pour nous la pause et l’heure du thé! A son retentissement, chacun stoppe donc ce qu’il est en train de faire et nous nous retrouvons tous 30 minutes sous un pommier à boire un bon thé, manger quelques pommes de la récolte et discuter avec les voisins japonais venus donner un coup de main à notre hôte. Ce sont ces moments vraiment conviviaux qui rendent toute l’expérience sympathique.
Chaque soir après mon travail, je vais me promener dans la campagne environnante à pied ou à vélo. Les paysages montagneux sont magnifiques, surtout lors du coucher du soleil. J’en profite souvent pour grimper la colline et aller me relaxer dans le Onsen de la vallée. Un bon bain chaud est encore plus appréciable de nuit. Je redescends ensuite de la colline par toboggan (oui, il y a un toboggan et c’est trop cool!) pour rejoindre les autres pour le dîner. Les soirées sont ensuite très calmes, entre jeux de carte pour les uns et révision du japonais pour les autres. Je prends donc un rythme de vieux et je me couche tôt.
Savez-vous planter du riz?
Grand moment de bonheur et de découverte lors de ce wwoofing : j’ai planté du riz dans les rizières japonaises! Je dois avouer que sur le coup je me suis vraiment senti l’âme d’un explorateur. Pour information, les rizières japonaises n’ont pas la même silhouette que celles d’Asie du sud-est. Elles ne sont majoritairement pas désordonnées et dans d’immenses escaliers de montagnes comme en Chine, mais plus souvent rectilignes et à-même le sol.
Pour planter du riz, il faut se mettre pieds nus dans la boue, et planter délicatement une pousse de riz à chaque pas. Pour que les rangées soient les plus rectilignes possible et que les plantations ne s’entremêlent pas, il faut marcher le plus droit possible dans la rizière. De petits poissons ou animaux vivant dans les rizières, il n’est pas impossible de les sentir passer près de vos jambes, ou encore de marcher sur des cailloux. Pieds sensibles donc : s’abstenir! Pour l’anecdote : il est courant que les agriculteurs laissent vivre un canard dans la rizière. Celui-ci se nourrit des petites bêtes qui s’y trouvent et permet de maintenir les plantations de manière rectiligne grâce à ses allées et venues dans la rizière. Et quand on récolte le riz, on mange le canard m’a dit mon hôte! Bon appétit!
Un wwoofing à 0 yen
En plus d’avoir passé de très bons moments et d’avoir rencontré des personnes intéressantes et toutes différentes, ces 10 jours en wwoofing sont certainement les plus économiques de tout mon PVT au Japon! C’est bien simple, en 10 jours je n’ai absolument rien dépensé, pas un centime! Tous les repas m’ont été entièrement fournis par mon hôte (je pouvais même me resservir) et je n’ai eu aucune dépense en matière d’hébergement ou de transport (bon j’ai pas bougé très loin non-plus me direz-vous). Faire du Wwoofing au Japon est donc selon moi un super bon plan pour qui souhaite vivre une expérience très enrichissante et économiser pendant son voyage. Pour vous inscrire au Wwoofing, tout se passe sur ce site : Wwoofjapan.com.
Si voyager pour pas cher vous intéresse, je vous conseille le livre Voyage à Durée Indéterminée de Michael Pinatton.
Bonjour Alex, j\’ai été passionnée par votre article sur le wwoofing à la ferme 😉 Il faut être jeune et en pleine forme pour cela mais quelle belle expérience. Mon fils au Japon depuis plus d\’un an, a comme vous parcouru de long en large les îles de ce beau pays. Merci de vos partages si explicatifs de la vie et superbes sites japonais.
Bonjour Marie-Chantal et merci pour votre retour! C’était effectivement l’une de mes meilleures expériences 😉 Je prépare pour bientôt un article aussi complet sur mon second wwoofing dans un ryokan. J’espère que vous aurez l’occasion d’aller rendre visite à votre fils et de visiter ce beau pays! A bientôt !
Bonjour,
J\’ai découvert votre blog en préparant mon voyage d\’un an pour le Japon, qui pour moi a été une source d\’information très intéressante. Comme vous, j\’envisage d\’effectuer du woofing durant mon séjour car je trouve que, en lisant votre article, c\’est une expérience unique et très enrichissante. Et je me demandais comment vous avez fait par rapport à la resident card pour l\’adresse du logement quand vous avez fait votre woofing sachant que ce n\’est que pour quelques jours ?
Merci et à bientôt.
Bonjour Margaux !
Merci pour votre commentaire, je suis heureux de pouvoir vous aider. Pour la Resident Card, j’ai tout simplement triché. Après être resté 6 mois à Tokyo et avoir enregistré ma Resident Card à cette endroit là, je n’ai tout simplement pas signifié mon changement de situation à la mairie. Lorsque vous bougez beaucoup, cela devient juste intenable d’aller de mairie en mairie. Ne vous en faîtes pas trop pour ça et profitez bien du Wwoofing ! A bientôt ! 🙂
Bonjour je voulais savoir
Si je compte faire du woofing au japon doit je parler japonais ?
Hello Maxence ! C’est mieux oui, mais ce n’est pas du tout obligatoire. Cela dépend des familles 😉